Je vous livre aujourd’hui une part très personnelle de ma vision passée et présente « des choses » : un texte écrit lorsque j’avais tout juste 20 ans.

Je le partage car il a agi comme une boussole pour moi tout au long de ces années et est la veilleuse qui guide et nourrit aussi Equilibres au quotidien.

Rêveries

Un jour j’ai rêvé.

Rêvé que dans un pré j’étais allongée.
Allongée, pieds et poings liés,
J’étais dénuée.
Dénuée de sensibilité.

Alors j’ai lutté,
Lutté d’arrache-pied.
Peu à peu mes liens se sont dénoués,
J’ai regardé, j’ai senti, j’ai touché,
Je faisais ce que je désirais,
J’étais en liberté.

Dans le champ me suis roulée,
Le blé ai mangé ,
La terre humée,
Je faisais ce que je désirais,
J’étais en liberté.

LIBERTÉ !

Contre vents et marée je me battrai,
Les monts et les plaines parcourrai,
L’Humanité je défierai,
Mais je te retrouverai,
Où que tu sois cachée.

Et je vivrais en Paix,
En Paix, car tu seras à mes côtés.

30 ans plus tard, (ça y est, vous connaissez mon âge !!!), il fait toujours sens. Et si la liberté était pour moi à l’époque un besoin de grand air, de grands espaces, de rencontres riches, ce fil conducteur m’a finalement amené vers une introspection, un voyage intérieur, non moins intéressant.

Pour m’en défaire, j’ai dû comprendre la nature des liens qui m’enserraient, puis, patiemment, chercher, inventer comment y mettre d’abord un peu de jeu, puis, les laisser se relâcher, pour finalement, accepter de les abandonner et d’avancer « libérée ».

A l’époque j’avais une vision romantique de cette valeur, que je considérais comme suprême. Aujourd’hui, j’ai compris que souvent, et bien qu’on s’en plaigne, on est attaché.e.s à nos chaînes, parce qu’on les connaît.

Pour moi aujourd’hui, la liberté, c’est avancer à tâtons dans l’inconnu. Et l’inconnue en l’occurrence, c’est moi.

J’entends beaucoup parler « d’être soi », de se connecter à « soi ». Mais si on y réfléchit, qu’est-ce que cela veut dire vraiment ? En réalité, qu’est-ce, ou qui est, ce « soi » dont on parle tant ? Je n’évoque pas là une théorie ; la psychanalyse, la philosophie et nombre de religions en ont leur version, et, dans le yoga notamment, c’est un but que d’atteindre l’essence, le cœur de son être, le « Soi ».

Mais en pratique, comment s’en approche-t-on réellement ? L’amorce d’une potentielle réponse, très personnelle, est contenue dans ce poème, et je crois que j’en avais déjà l’intuition : briser les chaînes.

Quand je parle de chaînes, je veux dire tous les liens, les relations toxiques ou pour moitié satisfaisantes que l’on entretient, parfois faute de mieux. L’image souvent faussée (magnifiée ou dévalorisée) qu’on a de soi. Notre dialogue interne qui n’a de cesse de nous téléguider, et tous ces  conditionnements transmis par l’éducation, la culture, l’environnement qui se transforment en croyances sur les êtres et les choses, et qui font écran parfois, à notre nature profonde.

Qui est « soi » ? Qui est « je » ? Mon corps ? Mon esprit ? Mes pensées ? Mes émotions ? La personne que je montre à mes collègues, à mes ami.e.s, à mes enfants, à ma famille ? Mais cette personne-là est différente à chaque fois et dans chaque rôle. Alors, qui, quoi ?

Je cherche encore…

Quand j’ai quitté mes chaines, je me suis rendu compte, qu’en fait, elles ne me retenaient pas.

Au quotidien, je m’applique à défaire les croyances que j’ai sur moi, les autres, le monde etc. Et je crois que ma vérité, mon « soi » sera là, dans cette liberté totale qu’est l’absence de conditionnements. Et je crois, et j’espère que je rencontrerai cet être que je ne connais qu’au travers de filtres, et qui sommeille depuis si longtemps, tapi, tout au fond de moi.

Crédit photos ©Sandrine Bigot